A quoi bon des ordinateurs sans enfants ni baleines ?
Par Michel Godet (*)
(Conférence prononcée a la I Reunión de la Communauté Internationale d’Experts de NSF a Bilbao, le 15 Décembre 2004)
(Foto du site d’internet de LIPSOR)
(*) Professeur au Conservatoire national des arts et métiers, membre du Conseil d’Analyse Economique auprès du Premier Ministre. Auteur de : Le Choc de 2006, Odile Jacob, deuxième Edition 2004. Auteur aussi de » Creating Futures» Economica-Brookings , 2001.
Contenu
-Hautes et basses pressions démographiques
-Le refus de voir et le multiplicateur démographique
-Quelles formations pour les emplois de demain ?
-Le principe de précaution contre l’omerta démographique
-Annexes
- I° Libérer l’activité et l’emploi
- II° Société de la connaissance et innovation : attention aux mirages technologiques !
- III° La productivité, un indicateur d’exclusion
Abstract
Les perspectives démographiques mondiales avec leurs zones de basses pressions et de hautes pressions vont susciter des flux migratoires importants entre le Nord et le Sud. Le refus du réel et l’omerta démographique qui prévalent en Europe occidentale obligent à s’interroger sur l’avenir de notre vieux continent peuplé de cheveux gris, synonymes de croissance molle. Dans un tel contexte il y aura à la fois pénurie de jeunes et de professionnels pour les métiers de demain qui seront d’abord dans les services aux personnes et aux entreprises. Il faudra bien ouvrir les frontières à l’immigration et réussir l’intégration par des politiques publiques et familiales plus volontaristes quant à l’intégration et à la relance de la natalité dans les vieux pays européens où une femme sur deux voudrait un enfant de plus mais doit y renoncer en raison des difficultés à concilier vie familiale et vie professionnelle. Il ne servirait à rien d’avoir sauvé les baleines s’il n’y avait plus d’enfants pour les observer et se servir des ordinateurs.
Hautes et basses pressions démographiques
Les pays développés détiennent plus des deux tiers de la richesse mondiale et leur population compte pour moins du cinquième. En 2025[1], leur part dans la richesse aura un peu diminué pour une population réduite à 16 % du total. Si l’on s’intéresse à certaines zones de tensions au Proche-Orient : Israël passe de 7 à 9 millions et est presque rattrapé par les territoires palestiniens qui doublent presque de 4 à 7 millions. Dans le même temps, l’Irak passe de 26 à 42 millions et la Syrie de 18 à 28 millions. Comme on peut aisément le constater, les zones de conflits du globe actuels ou potentiels ne sont pas en train de se dépeupler. Comme si les guerres stimulaient la fécondité !
Du côté des pays développés, les États-Unis font figure d’exception et continuent leur expansion séculaire. La population des États-Unis qui a augmenté de 80 % depuis 1950 va progresser encore de près de 50 % d’ici à 2050 pour dépasser celle de l’Europe des Quinze, alors qu’en 1950, leur population était deux fois moindre[2] !
Parmi les pays développés, la Russie, les pays de l’Est et le Japon connaîtront une situation démographique plus dégradée que celle de l’Union européenne. Pour la période 2004-2025, la dynamique démographique des États-Unis (+55 millions) est supérieure en valeur absolue à celle du Brésil (+32 millions) et comparable à celle de l’Indonésie (+66 millions) et contraste avec la régression du Japon (-7 millions) et de la Russie (-7 millions).
La population du Japon passe de 128 à 121 en 2025 puis à 100 millions en 2050. La population active baisse de 2 millions entre 2000 et 2005 et de 13 millions supplémentaires entre 2005 et 2025 alors que, dans la même période, le nombre de plus de 65 ans explose et passe de 22 millions à 33 millions. Comment imaginer une sortie de la crise économique pour ce pays qui risque de perdre le quart de sa population d’ici à 2050 ? Le Japon s’est enfoncé dans la crise depuis le début des années 1990 et curieusement personne n’a fait le lien avec son vieillissement accéléré. La récente reprise de l’économie japonaise est d’abord expliquée par le formidable bond en avant de la demande en provenance de Chine.
L’Europe de l’Ouest a ainsi un avant-goût de ce qui l’attend. En 2025, les “ Quinze ” ne compteraient pas plus d’habitants qu’en 2000 (380 millions). La France se réjouit à juste titre de voir sa population augmenter encore de cinq millions d’habitants d’ici à 2025 et est même fière d’avoir depuis 2000 plus de naissances que l’Allemagne réunifiée qui en avait deux fois plus qu’elle en 1939 et va perdre deux millions d’habitants dans le prochain quart de siècle ! Mais la France devrait aussi s’inquiéter et surtout s’alarmer des perspectives concernant ses principaux voisins qui sont aussi ses premiers clients. L’Espagne et l’Italie avec une fécondité de 1,3 stagneraient autour de 43 millions et 57 millions d’habitants ( le conditionnel est là pour rappeler que ces projections pourraient être revues à la hausse en raison des importants flux migratoires que connaissent ces pays depuis le début du XXI siècle). Seule la Grande-Bretagne verra sa population augmenter de 60 à 64 millions.
Ces perspectives de déclin démographique de l’Europe sont connues depuis longtemps et l’ONU a même publié un rapport provocant en 2000 annonçant une baisse de 40 millions d’habitants d’ici à 2050 ainsi que la nécessité, pour éviter un tel vieillissement, de faire venir plusieurs centaines de millions de personnes. Il va sans dire que ces calculs de simple arithmétique n’ont aucun caractère prédictif. Il n’empêche que, sans un recours massif à l’immigration, il y aura moins d’actifs pour assurer la production des richesses. S’interrogeant sur l’impact du vieillissement sur la croissance, les experts de l’OCDE ont calculé, qu’à partir de 2010, le revenu moyen par habitant progressera deux fois moins vite en moyenne que par le passé.
L’Union européenne ne doit guère compter sur l’Europe de l’Est dont la population va connaître un effondrement à la japonaise : la Russie passant de 144 à 137 millions, l’Ukraine de 47 à 45 et même la très catholique Pologne va perdre 2 millions d’habitants entre 2004 et 2025 . Au-delà des chiffres en valeur absolue, c’est surtout le vieillissement par le haut (plus de personnes âgées) et par le bas (moins de jeunes) qui va affecter la dynamique productive, entrepreneuriale et compétitive. Le vieux monde n’aura jamais autant mérité son nom dans l’histoire. Dans un tel contexte, l’immigration apparaît nécessaire, mais le problème demeure tant que la concentration des migrants dans les mégalopoles se révèle source de tensions et d’apartheid urbain. On sait que l’intégration des populations venues de l’Islam est moins facile que celle des migrants venus d’Europe. Or l’Est, qui se vide, ne peut constituer un réservoir. Il serait peut-être temps de redécouvrir le potentiel de l’Amérique latine dont la population va augmenter de près de 140 millions, d’ici à 2025.
En attendant, la proximité des zones de hautes et basses pressions démographiques se traduit par des appels de flux migratoires. Au total, l’Europe accueille, chaque année, un nombre croissant de nouveaux migrants : 1,3 million en 2002 dont 350.000 pour l’Italie, 230.000 pour l’Espagne et autant pour l’Allemagne, le Royaume Uni vient derrère avec 150.000 et le Portugal avec 70.000 rejoint le niveau officiel de la France. Mais ces chiffres sont certainement sous-estimés pour des raisons statistiques mais aussi politiques . Rien que pour la France le chiffre réel serait plus proche de 200.000 comme ses grands voisins
[3] . Ces flux devraient augmenter fortement en raison des pénuries de main d’œuvre dans le riche Nord vieillissant et de la jeunesse nombreuse et inemployée dans le Sud pauvre. Il y a déjà plus de jeunes de moins de 20 ans en Algérie qu’en France (15 millions) et deux fois plus en Égypte ! Les 8,5 millions d’Espagnols de moins de 20 ans contrastent avec les 14 millions que compte son voisin marocain. Comment ne pas être tenté par l’Eldorado d’un travail au Nord lorsque l’on sait qu’il manque de bras et de cerveaux ?
Le recours à l’immigration pose néanmoins plusieurs questions rarement abordées parce que politiquement sensibles. La première concerne l’immigration sélective et choisie en fonction de quotas par origine et par métiers. L’Amérique du Nord, la Grande-Bretagne et certains pays nordiques y procèdent largement, d’autres comme la France accueillent ceux qui parviennent à rentrer sur le territoire. Résultat : les deux tiers des immigrés arrivant en France ont un niveau d’éducation inférieur au premier cycle des collèges contre 30% seulement pour la Grande-Bretagne et 22% pour les Etats-Unis
[4]. La deuxième concerne l’accueil et l’intégration des populations étrangères ; le laisser faire en la matière conduit à l’apparition de phénomènes nouveaux pour l’Europe d’apartheid urbain et de concentration dans des quartiers où les conditions de vie se dégradent et que leurs habitants d’origine fuient. La dernière concerne l’éthique du développement : a-t-on le droit de piller le capital humain des pays pauvres en attirant chez nous les mieux formés et les plus entreprenants d’entre eux ? En la posant ainsi, on induit la réponse négative qui s’impose : ce n’est pas comme cela que ces pays se développeront.
Le refus de voir[5] et le multiplicateur démographique
À la Commission de Bruxelles, mais aussi dans la plupart des instances internationales et nationales, la question du lien entre démographie et croissance est rarement évoquée. Les rapports sur la technologie, l’innovation, la compétitivité sont légions. L’homme n’est abordé que comme capital humain, et sous l’angle de la formation, considérée à juste titre comme un investissement et un facteur de croissance à long terme. La démographie n’est traitée qu’à travers le vieillissement par le haut et les problèmes qui en découlent pour l’équilibre des systèmes de retraites, les dépenses de santé, la prise en charge de la dépendance, mais quasiment jamais relativement aux conséquences du vieillissement par le bas sur la croissance et sur la place de l’Europe dans le monde. L’ambitieuse stratégie de Lisbonne pour la croissance et l’emploi mise essentiellement sur les technologies de l’information et l’économie de la connaissance pour assurer à l’Europe son avenir et sa puissance sur la scène internationale à l’horizon 2010 . A presque mi-parcours , le récent rapport de Wim Kok
[6] maintient le cap sur la société de la connaissance et un développement durable pour une Europe élargie et consacre, fait nouveau, une petite page au vieillissement de l’Europe. Ce dernier pourrait faire baisser le potentiel de croissance de l’Union de un point ( autour de 1% au lieu de 2%) d’ici à 2040 . Mais rien n’est dit des évolutions démographiques comparées de l’Europe avec les Etats-Unis. Oubli d’autant plus remarquable que les mêmes comparaisons sont systématiques pour l’effort de recherche, l’innovation et la mesure de la productivité.
Evolutions démographiques comparées 1950- 2050
Population/ 1950/ 2000/ 2050
Etats-Unis/ 152 /276 /404
Europe 15 /296 /378 /350
Japon / 84 /127 /101
Comme le disait Alfred Sauvy, les économistes “ refusent de voir ” le lien entre croissance économique et dynamique démographique et ne cherchent donc pas à le vérifier. Pourtant, les Trente Glorieuses et le baby-boom sont allés de pair et l’essor des États-Unis s’explique sans doute aussi par une meilleure santé démographique. Depuis vingt ans, le taux de fécondité y est en moyenne de 2 enfants par femme, contre 1,4 en Europe, et la population, du fait aussi d’importants flux migratoires, continue d’augmenter fortement. La comparaison des taux de croissance entre l’Europe et les Etats-Unis fait généralement appel à la technique pour expliquer des différences sur le long terme. On peut se demander s’il n’y a pas aussi un effet de multiplicateur démographique.
Généralement les économistes (se référant à la fameuse fonction de production de Cobb-Douglas) expliquent la croissance par trois facteurs : le capital, le travail et le progrès technique. Revenons aux sources : la productivité est le résidu de croissance supplémentaire qui ne s’explique pas par l’augmentation des facteurs de production (capital et travail). Faute de mieux on attribue ce surcroît de croissance du PIB/actif au progrès technique (en l’occurrence la diffusion des technologies de l’information), ce qui est une manière positive de désigner le résidu non expliqué
La croissance du PIB dépend de deux facteurs : le PIB/ actif employé et le nombre d’actifs employés. L’augmentation du PIB/actif employé est de fait plus forte aux Etats-Unis qu’en Europe depuis le milieu des années 90. Mais alors, comment expliquer la productivité et la croissance économique des années 60, en moyenne, deux fois plus élevées que dans les années 90, aux Etats Unis comme en Europe alors qu’il n’y avait pas d’ordinateurs ? En réalité, la variation du PIB/actif est d’autant plus significative que le nombre d’actifs employés et les débouchés augmentent dans une population en expansion. Le progrès technique, l’apprentissage et les économies d’échelle conjuguent leurs effets pour baisser les coûts unitaires, améliorer la qualité, bref augmenter la valeur ajoutée, c’est à dire le PIB par actif. Le multiplicateur de la dynamique démographique joue encore pour les Etats-Unis, certes moins que dans les années soixante, mais plus du tout pour l’Europe vieillissante. Les économistes ne trouvent pas ce multiplicateur démographique parce qu’ils ne le cherchent pas. Cette hypothèse éclaire pourtant mieux le décrochage de croissance du PIB/tête entre les Etats-Unis et l’Europe dans les années 90 que le soi-disant retard dans les TIC ( technologies de l’information et de la communication) . La croissance à long terme des pays développés est commandée par la démographie. La vraie question pour nos entreprises est celle des débouchés . L’Europe absorbe 91% de ce que la France produit, sa population va stagner d’ici à 2025 ( celle des Pays de l’Est va baisser de plus de 20 millions) alors que celle des Etats-Unis continue à augmenter de plus de 50 millions. Le recul du Japon dans les années 90 s’explique, quant à lui, par un vieillissement plus rapide.
Pour les tenants de la seule variable technique, qui s’obstinent à refuser de voir le lien entre croissance économique et dynamique démographique, il me reste une question dérangeante : comment expliquer la productivité élevée et croissante des Etats-Unis attribuée notamment à leur avance dans les TIC et le plongeon abyssal de leur déficit extérieur (500 milliards de dollars en 2004 !), malgré un dollar faible ? Décidément, il est temps de revoir le concept de productivité et de chasser les mirages qu’il entretient et qui conduisent à oublier l’essentiel : sans capital humain, la croissance est bridée faute d’oxygène.
Avec un indicateur conjoncturel de fécondité proche de 1,5 l’Europe aura demain des générations de jeunes actifs un tiers moins nombreuses que celles d’aujourd’hui .Une chute du nombre de naissances est, pour un pays l’équivalent de ce qu’est pour une entreprise, une diminution d’investissement ; cela permet de bénéficier, pendant un certain temps, d’une trésorerie plus confortable, au prix de problèmes graves ultérieurs ; la politique familiale c’est un investissement pour le long terme.
Les pays européens sont comme des vergers dont les arbres, en plein rendement pendant 40 ans, arrivent à maturité sans que l’on ait prévu leur remplacement par de jeunes pousses. Or, pour investir et consommer, il faut avoir confiance en l’avenir et besoin de s’équiper, autant de caractéristiques qui, malheureusement, régressent avec l’âge.
Les ressorts du dynamisme sont les mêmes dans les domaines économique et démographique : le goût de vivre s’exprime à la fois par l’initiative économique et par l’accueil des enfants. L’esprit d’entreprise est cousin de l’esprit de famille ! Pour comprendre l’impact du vieillissement sur la création d’entreprise, il suffit de rappeler qu’en France en 2002, 40 % des créateurs avaient entre 25 et 34 ans et les deux tiers moins de 44 ans, les plus de 55 ans ne représentant guère plus de 8 % d’entre eux ! Entre 2000 et 2025, la tranche des moins de 30 ans continue de baisser, mais surtout celle des 30-49 ans, dans la force de l’âge productif, s’effondre de 1,6 million alors qu’elle avait augmenté de 4,5 millions dans le dernier quart du siècle précédent
L’Europe fonce droit sur l’iceberg, la vigie sur le Titanic doit être entendue, il est encore temps de changer de cap pour éviter la collision frontale avec l’hiver démographique . Après le Choc de 2006-2010, plus rien ne sera comme avant : temps de travail, statuts, retraites, modes de vie, il faudra tout remettre à plat.
Le vieillissement de l’Europe et l’implosion démographique de certains grands pays conduit à une perspective de cheveux gris et de croissance molle. Il va en résulter une haute tension sur l’emploi et les retraites. La tension sera d’autant plus forte qu’en raison des illusions collectives sur les emplois de demain, il faut s’attendre à une pénurie de jeunes professionnels dans les métiers manuels et de service. Il y aura aussi de nouvelles fractures territoriales accentuées par les mouvements de population et le développement inégal des infrastructures.
Quelles formations pour les emplois de demain ?
Dans un tel contexte, Les emplois de demain seront d’abord dans les services, qui représentent déjà 70% des emplois existants et 80% des emplois créés chaque année. Les travaux de la Commission Seibel du Plan
[7] permettent d’établir un palmarès instructif : celui des métiers les plus offreurs d’emplois d’ici à 2010 (somme des besoins nouveaux et du renouvellement pour compenser les départs à la retraite). Il faudra ainsi trouver d’ici à 2010 : 600.000 assistantes maternelles et aux personnes âgées, 450.000 agents d’entretien, 350.000 cadres et dirigeants d’entreprise, enseignants, représentants et commerciaux, ouvriers qualifiés du bâtiment et des travaux publics, conducteurs de véhicule. D’autres métiers recruteront entre 300.000 et 200.000 personnes sur la période : ouvriers de manutention, informaticiens, secrétaires, personnels catégorie C de la fonction publique, personnels d’études et de recherche, infirmiers et sages-femmes.
Pour ces emplois le plus souvent du tertiaire nécessitant beaucoup de convivialité, il ne faut peut-être pas beaucoup plus de qualification sanctionnée par un diplôme, mais certainement un haut professionnalisme et des gens bien dans leur peau.
Dans un contexte de générations moins nombreuses arrivant sur le marché du travail, on peut penser que les jeunes normalement éduqués et qui voudront travailler n’auront que l’embarras du choix. Mais ils devraient être incités à poursuivre des études moins longues et à s’insérer plus tôt dans la vie active. La concurrence pour l’embauche des jeunes devrait accentuer les pénuries dans les professions dévalorisés par leur image (métiers manuels, services à la personne) ou par des conditions de travail pénibles pour des rémunérations peu attractives.
Attention donc aux illusions sur les emplois de demain : on a déjà en France surabondance de diplômés et pénurie de jeunes professionnels. Déjà, le taux de chômage des bac +4 est supérieur de 1 point à celui des Bac+ 2 !
Attention donc à ne pas trop investir dans l’enseignement supérieur long au moment où les jeunes et le marché du travail s’en détournent. Le taux de scolarité à l’âge de 20 ans a baissé depuis 1996. La tendance devrait se renforcer avec le choc démographique puisque le nombre de jeunes actifs de 20-29 ans va baisser de 800.000 en 25 ans. Les entreprises vont aller chercher les jeunes à la sortie du Bac ou avant et leur proposer un emploi formateur avec validation des acquis de l’expérience par un diplôme et des formations continues.
A la lumière de ce diagnostic, il faut réviser aussi les prescriptions. Les mêmes experts qui dans les années 80 parlaient de troisième révolution industrielle, de modèle japonais, puis dans les années 90 de Nouvelle Economie, de Société de l’Information ont trouvé un nouveau mot magique pour dire la même chose : la société de la connaissance. Il faudrait selon eux s’inspirer du pays leader les Etats-Unis et lancer des grands projets de recherche dans les secteurs de haute technologie (technologies de l’information, armement, aéronautique) et développer l’enseignement supérieur long. Qu’il soit permis de douter de ce remède éternellement avancé. Les Etats-Unis ne sont pas aussi performants qu’on le dit à en juger par leur déficit extérieur abyssal, ils vivent grâce à leur rente impériale bien au-dessus de leurs moyens et cela n’est pas durable. La France, contrairement à l’Allemagne, investit déjà beaucoup trop dans les secteurs «recherchivores» (40% des dépenses publiques de recherche sont concentrés sur le nucléaire, l’espace et le militaire et profitent d’abord à quelques grandes entreprises) et pas assez pour stimuler les recherches dans les secteurs de moyenne ou basse technologie et dans les PME (ces dernières bénéficient de moins de 10% de l’effort public de recherche, alors qu’elles représentent 96% des entreprises et 40% de l’emploi marchand). La France a aussi presque deux fois plus de diplômés de l’enseignement supérieur que l’Allemagne, et cinq fois moins d’apprentis et son solde extérieur en bien d’équipements est trois fois plus faible ! Chercher la faute ?
Comparée à l’Allemagne, la France manque de grandes PMI en raison du coût capitalistique très élevé et des problèmes liés à la transmission du patrimoine quand plusieurs millions d’euros voire quelques dizaines sont en jeu. Il n’y a en France que 2000 entreprises industrielles de plus de 250 salariés , Elles comptent pour 65% de la valeur ajoutée du secteur et assurent les quatre cinquièmes des exportations . 25% de la valeur ajoutée reviennent aux 20.000 entreprises ayant entre 50 et 250 employés. Et il n’y a que 1% des créateurs soit 2000 par an qui se lancent dans l’industrie.
La société de connaissance est un beau défi à condition de commencer par faire en sorte qu’il n’y ait plus 15 % des enfants qui entrent en sixième sans savoir correctement lire, écrire et compter. La Finlande a su relever ce défi pourquoi pas nous ? Depuis le Conseil européen de Lisbonne, l’Europe s’est donné comme ambition de prendre la tête de la société de la connaissance , la belle affaire s’il n’y plus de jeunes pour assurer la relève : les projections pour 2050 sont dramatiques : l’Italie perdrait le tiers de sa population. Il n’est de richesses que d’hommes éduqués, mais quand il n’y a plus d’hommes , il n’y a plus d’avenir !
Le principe de précaution contre l’omerta démographique
Taboue dans certains pays comme l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie où elle rappelle des périodes historiques de dictature, la question de la politique familiale, en France même, souffre d’une image de droite conservatrice alors que ses promoteurs à la Libération, comme Alfred Sauvy, étaient plutôt d’inspiration socialiste. Il faudra sans doute attendre le réveil de l’Allemagne pour que la France s’en préoccupe à nouveau. En attendant, certains se consolent en se disant qu’au train où vont les choses, l’Allemagne disparaîtra avant nous ! Vieux rêve ou cauchemar d’un suicide collectif !
Que diraient les écologistes, si depuis vingt ans le taux de fécondité des baleines s’était effondré pour se situer à moins de la moitié du seuil de renouvellement ? Ils alerteraient certainement l’opinion publique sur cette catastrophe écologique planétaire ! C’est pourtant ce qui se passe en Italie du Nord et en Catalogne où le taux de fécondité est de moins d’un enfant par femme depuis plus de vingt ans . Le développement durable est celui qui garde l’avenir ouvert pour les générations futures ! Il ne peut se faire en oubliant les hommes.
Le principe de précaution devrait s’appliquer aussi à l’économie et à la société notamment en ce qui concerne la troublante corrélation entre croissance (récession) économique et dynamique (régression) démographique. Le lien de causalité n’est pas prouvé, mais dans le doute on devrait, comme en matière écologique, stimuler les recherches et en attendant faire comme si la vitalité démographique était la première condition de la croissance durable. Il faudra bien qu’un jour le “politiquement correct” n’interdise plus de défendre les enfants et les hommes aussi bien que les baleines.
Notes:
[1] World population data sheet 2004 Population Reference Bureau ( Washington, USA)
[2] Cf. Gérard Calot, Jean-Claude Chesnais et al., “ Le Vieillissement démographique dans l’Union européenne à l’horizon 2050. Une étude d’impact ”, TRP, Éditions Futuribles, n° 6, octobre 1997.
[3] InternationalMobility of the Highly Skilled, OECD , 2001
[4] En France l’immigration extracommunautaire a crû de 28% depuis 2001 . Au total 173000 personnes sont entrées sur le territoire pour un séjour de plus d’un an. Le Monde du 11/11/2004.
[5] Le refus de voir la question démographique chez les économistes est une expression empruntée à Alfred Sauvy.
[6] Relever le défi : La stratégie de Lisbonne pour la croissance et l’emploi. Rapport du groupe de haut niveau présidé par M Wim Kok. Novembre 2004 CCE /
[7] Claude Seibel, Christine Afriat : « Avenir des métiers » Paris la Documentation française 2002.
(Foto: Michel Godet avec Carmen Echevarría de NSF)
Annexes
I° Libérer l’activité et l’emploi
Le chômage a quadruplé en France depuis 1975 alors que le PIB a plus que doublé. Cette mauvaise gestion de l’abondance est en un sens une bonne nouvelle, car si les causes de nos difficultés sont en nous les solutions aussi. Cessons donc de chercher des boucs émissaires dans la mondialisation. Cette dernière n’est pas coupable car les facteurs de développement des entreprises et des territoires sont d’abord endogènes. C’est la raison pour laquelle le taux de chômage varie du simple au triple au sein des pays européens ( 4% aux Pays-Bas et près de 12% en Espagne) et aussi au sein des territoires en France entre le pays de Vitré et le Valenciennois. Comment expliquer de telles différences ?
En ce qui concerne les pays, il apparaît clairement que ceux où le chômage est le plus faible sont aussi ceux où le taux d’emploi (part de la population en âge de travailler effectivement employée) est le plus élevé. La France se singularise avec un taux d’emploi de 62%, inférieur de 4 points à la moyenne européenne et de dix points à la Suède, au Royaume Uni, aux Pays Bas. C’est l’activité qui crée l’emploi, il faut donc travailler plus et tous pour augmenter l’emploi. En France, on a cru l’inverse.
Pour une croissance donnée, on peut créer plus d’emplois en baissant le coût du travail (par réduction de charges), ce qui permet d’embaucher des travailleurs moins performants tout en restant compétitifs. Arrêtons donc de nous glorifier de notre productivité apparente du travail élevée. Celle-ci est d’abord la conséquence statistique de la mise au rebut des moins productifs. Impossible de baisser les charges sans réduire la dépense publique et donc sans moderniser l’Etat: avec 55% de dépenses publiques par rapport au PIB nous dépassons de 7 points la moyenne communautaire ! Vaste chantier qui attend faute de courage politique.
Dernier levier pour l’emploi, l’incitation au travail et l’insertion des plus démunis. Le meilleur remède contre l’exclusion sociale c’est la dynamique de projet et la responsabilité solidaire doit prendre le pas sur l’assistance passive. Ce qui signifie notamment : pas de rémunération sans contrepartie d’activité ! Pour attirer suffisamment de professionnels dans les métiers et territoires peu attractifs, il serait opportun d’instaurer des primes spécifiques à l’emploi.
Reste enfin à encourager le temps partiel (de deux points inférieur à la moyenne communautaire) pour augmenter le taux d’emploi . En cette période marquée par la croissance molle et la montée du chômage voilà des pistes d’action pour le gouvernement !
Reste à expliquer la différence entre les territoires en France. Les facteurs endogènes locaux peuvent corriger ou amplifier l’impact des facteurs endogènes nationaux. Ce ne sont pas les infrastructures et encore moins les aides qui font le développement local, au mieux elles l’accompagnent : Sainte-Sigolène, en Haute-Loire, où il n’y a jamais eu de desserte ferroviaire, est devenue l’une des capitales françaises de la plasturgie, en étant loin de tout. Tout dépend de la capacité des hommes et des organisations à se battre ensemble autour de projets communs plutôt que les uns contre les autres. L’union fait la force et la faiblesse provient des divisions.
L’insertion économique par la dynamique de projet est le meilleur remède contre l’exclusion sociale, elle valorise les compétences et favorise l’employabilité. Le taux de survie des créateurs chômeurs est identique à celui des créateurs non chômeurs. Si tous les chômeurs ne sont pas entrepreneurs, ils peuvent être entreprenants. Il ne sert à rien d’aider les entreprises et territoires en difficulté, il faut d’abord changer leurs dirigeants. Il est plus efficace d’activer le développement des entreprises qui marchent en mettant à leur disposition un cadre ou un technicien au chômage pour réveiller des projets dormants et développer des activités nouvelles.
II° Société de la connaissance et innovation : attention aux mirages technologiques !
L’Europe s’est entichée du concept de société ou d’économie de la connaissance au sommet de Lisbonne en 2000, pour lequel elle s’est fixée un objectif de leadership mondial. L’Europe vieillissante se rassure pour l’avenir, s’imaginant peuplée de cheveux gris savants, jeunes d’esprit et champions de l’innovation. Après la société de l’information des années 80, la nouvelle économie des années 90, les abonnés du mirage technologique n’ont-ils pas lancé un nouveau concept, la société de la connaissance, pour dire la même chose ou presque ? Société de la connaissance, Economie de la connaissance Knowledge Management (KM)
[1]… autant de concepts actuellement en vogue, tant dans le milieu des entreprises et des institutions qu’en sciences de gestion. Certes, la capacité des organisations à “ apprendre ” est devenu un facteur-clé majeur de compétitivité, mais les entreprises développent des pratiques contraires : l’urgence et la réactivité prévalent sur l’anticipation et le projet. La pollution informationnelle par Internet ne suffit pas, il faut plus que jamais apprendre à trier le bon grain de l’ivraie. Hélas, la mémoire des idées est ignorée voire détruite. Ainsi, en 2002 Schlumberger a racheté la Sema, temple de la matière grise du Conseil d’entreprise des années 60 -70 et envoyé toute la documentation, ouvrages introuvables et rapports d’études archivés depuis 40 ans, à la benne à ordure. La mise à la casse des travailleurs âgés de plus de 55 ans qui sont porteurs de ce fameux capital humain tant vanté par ailleurs témoigne du même gâchis. Le management par la connaissance ne peut se faire sans management de la connaissance. Pour aller dans le sens de l’Economie de la Connaissance, il faut certainement respecter la connaissance et non la mépriser.
La connaissance est bien le moteur de l’innovation . Ce n’est pas une raison pour cultiver le mirage technologique et la fuite en avant dans les dépenses de R-D.
L’innovation, n’est pas uniquement technique mais aussi commerciale, organisationnelle et financière. La technologie, bien qu’importante, ne saurait constituer l’essentiel. Cessons de considérer que la dépense de R & D est le principal indicateur porteur d’espoir pour l’avenir. Plus que le montant compte l’efficacité de la dépense. Les comparaisons internationales montrent que les entreprises les plus performantes dans un secteur sont celles qui font un effort moyen en R & D et qui, donc, agissent en dépensant moins. Le même constat se vérifie au sujet des États : les petits pays ont un effort de R & D moindre que les grands, mais une croissance du PIB supérieure !
Si l’on définit la désindustrialisation de l’Europe comme la baisse de l’emploi industriel dans l’emploi total, c’est le signe d’un développement avancé : la tertiarisation. Cette société post-industrielle reconnue au milieu des années soixante, et perçue à l’époque comme une bonne nouvelle, devrait se renforcer car nous produisons de moins en moins de produits à fort taux de main d’œuvre et à faible contenu technologique mais toujours plus de produits sophistiqués, ce qui est le lot de tous les pays développés. La part de l’emploi industriel a baissé en France de 9 points en 25 ans, mais une grande part de cette chute vient des bénéfiques gains de productivité et de l’externalisation des fonctions. Dans le même temps, l’emploi dans les services aux entreprises a augmenté de 7 points pour représenter 14% de l’emploi total en 2003. Ce qui compte pour une entreprise, c’est de capter le maximum de valeur ajoutée en maîtrisant la conception, le marketing et la distribution des produits et en assurant les services de maintenance. Le secret de la performance c’est de produire moins cher ce qui se vend (la qualité et le service) plutôt que de chercher à vendre (même à perte) ce que l’on produit. Espérons que les locomotives vendues en Chine par Alstom ne sont pas payées à moitié par le contribuable français comme ce fut le cas naguère pour certains bateaux de croisière !
L’erreur serait de freiner les restructurations et de maintenir sous tente à oxygène des managers qui n’ont pas su anticiper et innover. Quand une entreprise est en difficulté, c’est presque toujours en raison d’un déficit de management, l’aider est souvent inutile et coûteux pour l’ensemble de l’économie si l’on ne change pas les dirigeants (France Telecom). Il y a ainsi des entreprises performantes dans des secteurs en déclin et d’autres qui n’ont jamais été rentables dans les secteurs de pointe (Bull). Attention donc au mirage technologique qui peut conduire à perdre des milliards d’euros dans l’informatique. En France les entreprises les plus performantes dans les Industries électriques ( Legrand) les matériaux ( St Gobain, Lafarge), dans les IAA,(Danone, Bongrain), dans les cosmétiques (Loréal) mais aussi dans la distribution( Carrefour, Auchan) l’hôtellerie ou la restauration collective ( Accor) sont généralement celles qui n’ont pas fait appel à l’aide publique mais ont su se doter de managers éclairés.
[1] « Apprentissage organisationnel, économie de la connaissance : mode ou modèle ? »Yvon Pesqueuxavec la collaboration de Philippe Durance — Série Recherche n°6 Cahiers du Lipsor (
www.cnam.fr/lipsor/).
III° La productivité, un indicateur d’exclusion
Les pays où les taux de chômage sont les plus faibles sont aussi ceux où ceux qui sont plus nombreux à travailler et le font plus longtemps que les autres. C’est bien l’activité qui crée l’emploi, et il faut travailler plus pour travailler tous. La réduction du temps de travail a pu faire oublier aux Français la réalité : ce n’est pas en ramant moins que l’on avance plus vite. Il convient de rappeler que le PIB est égal au PIB par actif employé multiplié par le nombre d’actifs employés. Il se trouve que le PIB par actifs employés est 30 % plus élevé aux États-Unis qu’en France : on y travaille plus, de 30 jours par an en moyenne et le taux d’emploi y est plus élevé.
C’est ici qu’intervient le débat sur la productivité. Les tenants de la compétition par l’innovation technologique et de la course à la productivité s’opposent à la baisse des charges pour les emplois de services aux particuliers. Cette thèse largement développée dans un récent rapport du Cae
[1] » Productivité et croissance» signé par Patrick Artus et Gilbert Cette nous paraît contestable car fondée sur une définition illusoire de la productivité.
Le coq gaulois est fier de sa productivité horaire qui d’après les calculs les plus sérieux,
[2] serait supérieure de 8% à celle des Etats-Unis et de 16% à celle de l’Union européenne. Pourtant, les mêmes sources rappellent que le PIB par habitant en France est à peine supérieur à la moyenne européenne et surtout inférieur de 30 % à celui des Etats-Unis. Qu’en conclure ? Comment s’y retrouver ?
Une première idée vient à l’esprit : les Français qui travaillent sont en moyenne «meilleurs » que les Américains qui en font autant mais ces derniers ont un taux d’emploi de dix points supérieur à celui des Français ( sur cent personnes en âge de travailler en France dans la tranche 15-64 ans seulement 62% ont un emploi contre plus de 72% aux Etats-Unis et 66%pour l’Union européenne). Bref, on est tellement bon que l’on peut travailler moins (les 35 heures) en produisant autant que les autres. Il suffirait que plus de compatriotes retroussent leurs manches et jouent de leurs cerveaux pour que nous devenions les champions du monde ! Pour augmenter le PIB/habitant en France, il faut remettre les Français au travail (en nombre et en durée) . Si le PIB par habitant est plus élevé de 30% aux Etats-Unis c’est d’abord parce qu’ils ont un taux d’emploi plus élevé et qu’ils travaillent l’équivalent de 30 jours de plus que nous et de 10 jours de plus que la moyenne européenne.
Il est temps de dégonfler la baudruche et de dénoncer les illusions collectives sur la productivité savamment entretenues par les économistes les plus réputés. Le concept auquel ils font référence était naguère qualifié de productivité apparente du travail.
Le qualificatif «apparente» était sagement là pour rappeler que la productivité se mesure de manière très grossière en divisant le PIB par le nombre d’actifs. On a gommé le mot «apparent», le concept paraît plus robuste, il est seulement plus trompeur. Pour comprendre, prenons l’image des élèves d’une classe d’école, engagés pour un 100 mètres. S’ils participent tous à la course, leur vitesse moyenne sera inférieure à celle que l’on obtient en ne faisant courir que les 50% plus rapides. Ainsi s’éclaire le paradoxe de notre productivité apparente élevée : il y a peu de coureurs, mais ils sont très productifs car on ne garde que les meilleurs, les autres sont remplacés par des machines ou bien leur emploi est délocalisé et ils se retrouvent au chômage. Arrêtons donc, de nous glorifier de notre productivité apparente du travail, celle-ci est d’abord la conséquence statistique de la mise au rebut des moins productifs compte tenu du coût trop élevé du travail. Si l’on veut augmenter le taux d’emploi, il faut accepter une baisse provisoire de productivité moyenne. L’insertion au travail est en soi formatrice et constitue le meilleur levier pour développer la compétence des individus et améliorer à terme leur productivité. C’est comme cela que l’ensemble de la société augmentera sa richesse en réduisant l’exclusion.
Ce qui compte dans la course à la productivité comme dans le sport, ce n’est pas de sélectionner les champions pour éliminer ceux qui n’ont pas les normes olympiques mais de faire en sorte que chacun entre dans la course et progresse par rapport à lui-même. Dans cette perspective, il faut insérer plus qu’assister, éviter les revenus sans contrepartie d’activité et relancer l’offre de temps partiel qui a baissé en France et reste de deux points inférieure à la moyenne communautaire.
[1] Conseil d’Analyse Economique , auprès du Premier Ministre.
[2] Deux rapports du Cae présentés au premier Ministre le 27 février 2004 » Productivité et croissance» de Gilbert Cette et Patrick Artus et » Création d’emplois dans les services» de Michèle de Bonneuil et Pierre Cahuc,à paraître prochainement à la Documentation Française.
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